Par: L’organisation Mondiale De La Santé

Yaoundé, 22 juin 2020 – Deux jours étaient passés depuis que Juliette* avait effectué un test de dépistage du VIH. Lorsque l’élève de 22 ans a reçu le résultat positif, son monde s’est écroulé.

“Je rentrais de l’école”, dit-elle en se souvenant de cet événement capital qui a eu lieu il y a près de vingt ans. “Je me suis arrêtée à la clinique pour prendre mes résultats. Quand j’ai entendu ces mots … C’est difficile de décrire le choc que j’ai ressenti. C’était comme si le ciel me tombait sur la tête.”

Quelques jours plus tard, Juliette a été présentée à un groupe de conseillers qui ont pris le temps de lui parler : “Ils m’ont rassurée et m’ont donné confiance en l’avenir. J’avais l’impression de vivre à nouveau”.

Sa renaissance après le pire jour de sa jeune vie l’incitera plus tard à s’engager dans la lutte contre le virus dans son Cameroun natal.

Pour soutenir d’autres personnes vivant avec le VIH, Juliette a rejoint Espoir et Vie Cameroun (EVICAM), une organisation communautaire à Yaoundé.

Au Cameroun, 2,7 % des personnes âgées de 15 à 49 ans vivent avec le VIH. Espoir et Vie Cameroun organise des conférences éducatives sur les infections sexuellement transmissibles (IST) et le VIH, et s’efforce de faciliter la prestation de services liés au VIH, tels que la fourniture communautaire de médicaments antirétroviraux (ARV) aux travailleuses Des études montrent que le travail du sexe sans l’utilisation de préservatifs augmente la vulnérabilité à divers risques de santé sexuelle et reproductive, y compris les IST.

Espoir et Vie Cameroun a reçu le soutien du Programme national de lutte contre le sida (PNLS) et de l’ONG CAMNAFAW, ainsi que l’appui technique de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui mène des actions de renforcement des capacités des éducateurs pairs qui vont à la rencontre des travailleuses du sexe et de leurs clients. Les activités que Juliette et ses collègues entreprennent permettent à ces groupes de prendre conscience de l’importance de se faire tester pour le VIH. Ce travail a un impact : “Avec les conseils de l’OMS, nous avons réussi à atteindre et à convaincre 1258 travailleurs du sexe de se faire dépister depuis janvier 2019, et 110 d’entre eux ont été testés positifs”, explique Juliette.

Connaître son statut VIH à un stade précoce aide les gens à accéder à un traitement et à vivre longtemps et en bonne santé, tout en veillant à ce que leur entourage soit également protégé. En 2018, au Cameroun, 74 % des personnes vivant avec le VIH connaissaient leur statut et 52 % des personnes séropositives étaient sous traitement ARV.

Malgré ces progrès, Juliette constate qu’il y a encore beaucoup de désinformation concernant le VIH. L’une des jeunes filles que Juliette a rencontrées lors de ses voyages de sensibilisation a parlé de ses difficultés. “Elle m’a dit qu’avant de nous rencontrer, elle avait des idées fausses sur le VIH et qu’elle était convaincue qu’être séropositive équivalait à une condamnation à mort”, a-t-elle déclaré. Elle se souvient qu’une de ses amies était morte quatre ans plus tôt et que les gens s’étaient moqués d’elle en disant : “‘Elle est morte du sida. Voilà ce qui arrive aux mauvaises personnes qui ont le sida’ Les gens se moquent, ils sont mal informés et ont beaucoup de préjugés”, dit Juliette.

L’OMS soutient les autorités sanitaires camerounaises dans l’élaboration de politiques nationales et de plans stratégiques, ainsi que dans leur mise en œuvre, y compris la mise à jour des directives et des outils de formation et la mise en place d’un système de surveillance épidémiologique de la maladie.

Depuis 2017, l’OMS a renforcé son soutien au ministère de la Santé publique en mettant en œuvre une initiative dans 34 districts sanitaires pour accroître l’accès au traitement ARV dans le pays. Cette initiative a permis d’améliorer l’accès de la population au dépistage du VIH, l’initiation et le maintien du traitement dans les soins et l’accès aux services de mesure de la charge virale.

Au vu des indicateurs et des tendances, il y a des raisons d’espérer, déclare Dr Phanuel Habimana, représentant de l’OMS au Cameroun. “La prévalence est en baisse et le nombre de personnes vivant avec le VIH sous traitement est en augmentation. Le pourcentage d’enfants vivant avec le VIH est en baisse. Le niveau de ces indicateurs est un signe qu’il y a de l’espoir”, déclare Dr Habimana.

La pandémie COVID-19 a fortement affecté les activités d’Espoir et Vie Cameroun. Après le début de la pandémie dans le pays, l’organisation a rapidement intégré la réponse de COVID-19 dans ses conférences éducatives et a élargi les distributions d’équipements de protection pour y inclure des masques et des désinfectants pour les mains, tout en expliquant aux travailleurs du sexe et à leurs clients l’importance de respecter les mesures préventives pour éviter d’être infecté par COVID-19.

À Yaoundé, 18 ans après avoir entendu la nouvelle qui, pensait-elle, allait mettre fin à sa vie, Juliette, aujourd’hui mère d’un enfant, mène une vie épanouie. Mais pour elle, la bataille n’est pas entièrement gagnée. “Tant qu’il y aura des gens qui croient à tort qu’avec le VIH on ne peut plus vivre , mon combat ne sera pas terminé. C’était le fardeau qui pesait sur ma conscience lorsque j’ai été informée de ma séropositivité. Je suis heureuse de pouvoir contribuer à améliorer la vie de toutes ces personnes qui se retrouvent, dans la plupart des cas, sans aucun soutien. Maintenant, plus que jamais, je suis engagée et déterminée à faire une différence dans leur vie”.

*Pseudonyme pour protéger l’identité